Multilatéralisme : Donald TRUMP partenaire du développement du continent africain.

Depuis son accession au pouvoir aux Etats-Unis d’Amérique, Donald Trump n’a cessé de casser les codes des pratiques diplomatiques dans un discours souvent choquant, parfois blessant, mais toujours sans langue de bois. Les principales victimes de cette méthode Trump constituent tous les pays bénéficiant de manière directe ou indirecte, soit de l’aide américaine ou les retombées sociales  de l’attractivité économique de son pays. En direction des pays africains, le discours de Donald Trump peut être taxé d’arrogant, de méprisant, raciste…ou d’ignorant et réducteur dans la mesure où il déconstruit et néantise la théorie du retard dont le continent est victime dans son cheminement vers le développement qui serait lié aux blessures qu’il a subi au cours de l’histoire, et qui ont profité justement à son pays. Ainsi, en janvier 2018, s’interrogeant sur la question de l’immigration dans son pays, il n’avait pas hésité, selon les propos rapportés par plusieurs medias, a traité les pays africains de « pays de merde », provoquant un tollé mondial. Ces déclarations, pour l’opinion générale, constituaient la énième preuve de l’indifférence et du mépris du président américain sur les pays pauvre du Sud, et de l’Afrique en particulier. Stratégie élaborée à l’extérieur des frontières dans une logique de création et pratique de relations avec les autres Etats et les acteurs non étatiques, la politique étrangère se veut une activité qui permet d’orienter, d’influer et de dominer l’environnement international et de marquer sa posture. « France is back » représente à ce titre les ambitions de la France du président Macron dans le monde au même titre que « America first » qui exprime les objectifs de politique étrangère du président Trump. Il s’agit d’une politique unilatérale qui défend de manière assumée les intérêts américains, souvent contre les organisations multilatérales…lesquelles constituent empiriquement, les recours historiques des pays africains dans leur quête de développement tant sur le plan institutionnel et stratégique que financier. Ainsi, il a, à titre d’illustration, ordonné le retrait de son pays de certaines structures  telles que l’UNESCO et la CPI. L’UNESCO est jugée inutile et budgétivore tandis que

Une analyse de la politique étrangère dans son essence et l’historicité du multilatéralisme dans le continent africain laissent croire pourtant, que la politique multilatérale prônée par le président Trump, loin de constituer une pratique appauvrissante pour les pays du sud victimes du plus grand contributeur des organisations multilatérales, doit être perçue comme un remède à un développement endogène basé sur une meilleure et optimale utilisation des ressources au profit de politiques publiques efficaces.

  Même si elle affirme dans le discours qu’elle a des objectifs de contribution à la paix et la sécurité internationale, la politique étrangère a une essence égoïste d’intérêt national. Ainsi, depuis sa naissance officielle au saint siège et son appropriation par le cardinal de Richelieu jusqu’à l’époque moderne et l’avènement de la doctrine de Kissinger, la politique étrangère mue, mais demeure essentiellement au service de l’intérêt national. Depuis la fin de la chute du mur de Berlin et l’avènement du nouvel ordre mondial, elle a ainsi subit des variations, passant par les médiations et les arbitrages dans la résolution des conflits, et le modèle de diplomatie publique qui, de manière subtile, n’est qu’une stratégie de séduction à des fins économiques. Rompant avec le modèle normatif qui a droit de cité de la contribution en faveur de la sécurité internationale, la politique étrangère de Donald Trump se veut un modèle franc, direct et assumée en faveur de la grandeur économique de son pays dans la scène internationale. A cet effet, il n’a cessé d’affirmer tout au long de sa campagne son slogan de restaurer la grandeur perdue de son pays (make America great again). Cette volonté fait donc fi des engagements africains de ses prédécesseurs notamment Georges Bush et Barack Obama. Elle doit donc inciter les africains à recentrer leur politique étrangère sur l’affirmation d’une souveraineté économique (au lieu de toujours demander de l’aide), et de créer un modèle de gouvernance  valorisant un développement endogène, ce qu’appliquent avec succès certains pays comme le Rwanda, l’Algérie…

        Lieu de compétition et de matérialisation d’une posture au profit de la sécurité internationale, la politique étrangère sur le plan multilatéral, obéit plutôt à des objectifs géopolitiques et géoéconomiques jamais avoués mais toujours observés, non seulement de la part des grandes puissances mais aussi, et de plus en plus, de la part des Etats émergeants contestataires de l’ordre établi. Dans cette logique, l’objet de la politique étrangère, la diplomatie, utilise toujours un discours sournois, flatteur devenu une norme dans ce monde multilatéral. Pour soutenir l’objectif de la sécurité internationale prônée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, plusieurs organisations internationales pour le développement du sud furent créées avec à ce jour, un bilan négatif, ces organisations s’étant affirmées au fil des ans comme des outils diplomatiques au service de ces puissances mondiales pour l’expansion du modèle occidental de développement au sud. Le modela multilatéral n’est en réalité dans cette logique, qu’un outil de domination minutieusement orchestré pour, dans le discours, contribuer à la réduction de la  pauvreté dans les pays de cette zone. Les multiples aides toujours attribuées aux pays africains se sont avérées  de ce fait inefficaces, voire contreproductives dans une Afrique jalousée et courtisée pour ses  multiples ressources naturelles mal exploitées et aux dirigeants corrompus. Face à cette situation, pourquoi continuer à nourrir le continent  d’une aide au développement ne profitant pas réellement aux populations ? Par une mise à l’épreuve des dirigeants du continent à leurs responsabilités de bonne gouvernance. Cette réalité des pratiques  multilatérales concourent ainsi à légitimer les décisions du président Trump dont le pays constitue le premier contributoire des organisations internationales, non seulement de couper le robinet de son pays en faveur de celles jugées complètement inutiles à ses yeux (UNESCO), mais également, à lutter, sur le plan structurel, contre les politiques d’aides et de dons accordées jadis de manière irrationnelle aux pays africains (il a ainsi recommandé à son proche David Malpass qu’il a désigné comme  président de la banque mondiale, de travailler à réduire de manière drastique, le robinet de l’aide aux pays africains.) De même, il utilise régulièrement son droit de veto pour empêcher un financement de l’ONU en faveur d’une aide au G5 sahel, budgétivore, voué à un échec à ses yeux, comme les précédentes initiatives africaines soutenue par l’ONU (NEPAD, MAEP, forces armées UA…) et dont le financement doit plutôt  relever des prérogatives de l’organisation de sécurité régionale, elle-même déjà soutenue par l’ONU.

En définitive, que devons-nous penser du comportement du président Trump à l’endroit des pays africains ?  Alors qu’une tendance incite à la pensée réductrice d’une politique de mépris, discriminatoire voire raciste, il conviendrait toutefois de se servir de cela comme un  électrochoc, en l’intériorisant en tant qu’appel à l’émergence d’une classe de dirigeants réellement élus au service du développement de leurs pays. Dans cette logique, les ressources peuvent être utilisées pour un modèle qui renie la mendicité mais promeut les valeurs culturelles dans ce monde globalisé (les gouvernances Sankara et Kagamé l’attestent). Dans cette perspective, le président Trump peut être vu comme le véritable  partenaire de développement pour l’Afrique, en ayant dit sans filtre, ce que les autres gouvernants occidentaux pensent tout bas.

admin01-caardis

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